Anne Garde

En 2021, Gilles Désiré dit Gosset, le directeur de la MAP qui conserve les archives photographiques argentiques, m’a invitée à travailler librement sur le Fort de Saint Cyr proche de Paris.
À chaque fois, ce genre d’installations suivies de prises de vue est un défi et s’apparente aussi à une performance comme lorsque nous avons fait surgir du canon des fumées roses qui s’élèvent dans le bosquet….

Je remercie Véronique Dupard Mandel et Luc Billères pour l’accompagnement et Mathilde Falguière pour le texte qui va figurer dans un port-folio à venir. 

« Fascinée par les lieux d’histoire, Anne Garde se les approprie concrètement. Après un voyage fondateur en Inde, en 1983, elle utilise pour la première fois des poudres colorées dans ses clichés et les applique au cadre qu’elle s’est choisi, la base sous-marine de Bordeaux. Bientôt rejoints par des feux, des fumigènes ou des éclairages, ces artifices font d’emblée basculer la documentation vers une vision étrange et onirique.
En laissant s’exprimer son imaginaire, Anne Garde compose des images où le spectateur peut projeter le sien. À l’intérieur d’un austère tunnel, des halos rouges et verts évoquent l’univers du théâtre. Ce monde sous la terre évoque parfois le monde sous la mer : ici, des reflets bleus sur les parois figurent des eaux mouvantes ; là, les poignées circulaires des compactus évoquent un sous-marin. La fabuleuse machinerie du canon de la tourelle Mougin, transfigurée par des éclairages aux couleurs vives, rappelle l’imaginaire du cinéaste Jean-Pierre Jeunet dans La Cité des enfants perdus. À l’extérieur, on bascule presque dans la science-fiction : avec sa légère fumée rose, le dôme de ciment de la tourelle Mougin ressemble à une soucoupe volante qui viendrait de se poser. »
Mathilde Falguière Conservatrice du Patrimoine responsable du département de la photographie.
Médiathèque de l’architecture et du Patrimoine.