Serait-ce le “motto” d’Anne Garde, cette devise qui l’a précédée dans tous ses itinéraires, qu’ils soient des rencontres devenues des récits, des contes photographiés ou bien des installations dans l’entre-deux de la prise de vue où elle crée une saga visuelle en introduisant sa propre fiction dans le champ photographique.
Photographe, c’est une certitude, qu’elle a choisie très tôt, lorsque sa mère lui offre le célèbre Brownie Flash de Kodak à 11 ans. Pour cette passion, elle renonce au confort de sociologue et se voue au medium pour rencontrer les cultures du monde, « …tout en créant, à chaque fois un univers singulier mêlant le réel et son immédiateté avec sa transcription imaginaire et imagée. » dit François Barré, président des Rencontres d’Arles de 2001 à 2009.
Diplomée d’une maitrise de Sociologie à l’Université de Paris-Sorbonne, Anne Garde, après des stages dans les studios parisiens Arphot et Urphot, ainsi que des études à l’Ecole du Louvre va se consacrer au médium argentique, l’art de percevoir ce que l’oeil ne voit pas, par le rapt photographique.
De l’Occident à l’Orient, cette dimension secrète est la signature de ses images.
La tension lumineuse de la photographie argentique qu’elle pratique aussi en noir et blanc se retrouve dans la transversalité de toute son oeuvre. « dans ces photographies, quelque chose a lieu qui échappe, fascine et résiste, qui n’appartient pas au réalisme, une sorte de vérité somnambule » dit Michel Nuridsany.
Initiée à l’Orient par ses origines bordelaises, la découverte d’une bouteille frappée d’un titre mystérieux « Retour des Indes », l’amène à se consacrer en parcourant l’Asie, à la recherche de liens interculturels est-ouest. Anne Garde obtient la Bourse Villa Médicis Hors les Murs pour son travail sur l’Inde Salon Indien. Avec Laure Vernière poète, peintre et écrivain, elles forment un duo créatif et signent des publications dans la presse et l’édition internationales ainsi que des carnets de voyage.
Parallèlement, Anne Garde est l’auteur d’installations photographiées à la chambre 4X5 inches Extralight sur des sites naturels, urbains, industriels et portuaires: Architectures, ports, usines, carrières, plages de l’Atlantique. Ses interventions dans l’« entre deux » de la prise de vue (pigments de couleur, ingérences lumineuses ou mises à feu et fumigènes) ajoutent à la photographie un caractère « d’inquiétante étrangeté », révélant un monde augmenté, entre réel et imaginaire.
Ces créations éphémères qu’elle photographie depuis plus de 20 ans constituent un ensemble qui requalifie l’histoire des lieux dont la fonction originelle va disparaître, au profit d’une nouvelle « vie des formes ».
« Depuis le fil rouge qu’elle a tendu pour Hermès sur la route de la soie, elle met en scène nos paysages et nos friches industrielles. Anne Garde lance un tract personnel quand elle en a l’occasion, pour dire le vide, la désertion, l’abandon social, la brutalité de l’arbitraire des décisions qui frappe les lieux comme les hommes, et aussi la splendeur des volumes et des formes dévoilés grâce au tracé qu’elle imprime dans l’original du sujet, de la prise de vue au tirage. » dit Janique Laudouar dans Artank.
« Elle démontre ainsi, une nouvelle fois, que la photographie, si elle sait se faire suffisamment inventive, peut, par la saisie des matières et des jeux de l’ombre et de la lumière, être en totale symbiose avec l’architecture. » dit Régis Durand dans Art Press.
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